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02/02/2024

Comprendre le dépistage du cancer du sein

Premier cancer chez la femme en termes d’incidence et de mortalité, le cancer du sein fait l’objet d’un dépistage organisé depuis 2004. Pourtant trop peu de femmes de 50 à 74 ans répondent à l’invitation à faire une mammographie tous les deux ans. Que faut-il savoir sur ce dépistage et pourquoi doit-on y participer ?

Le cancer du sein : chiffres et réalité

Le cancer du sein représente le cancer le plus fréquent chez la femme avec une estimation de 61 214 nouveaux cas en 2023, loin devant le cancer colorectal (21 370 cas) et le cancer du poumon (19339 cas). Mais c’est aussi la première cause de décès par cancer chez les femmes en France (12 000 décès survenus en 2018), même si le cancer du poumon semble en passe de le détrôner dans un futur proche (environ 10 400 en 2018, en progression).

Environ 80 % des nouveaux cas de cancer du sein surviennent chez les femmes âgées de plus de 50 ans, avec un âge moyen de 64 ans au moment du diagnostic. Un peu moins de la moitié de ces décès (43 %) concernent des femmes entre 50 et 74 ans et 7,5 % des femmes de moins de 50 ans.

Plus de cancers du sein, mais moins de décès

On note cependant une baisse régulière de la mortalité attribuée à ce cancer, alors que le nombre de diagnostics, lui, a augmenté. Cette hausse de l’incidence et cette baisse de la mortalité enregistrées au cours des dix dernières années pourraient s’expliquer en partie par l’amélioration de la prise en charge thérapeutique et par un diagnostic plus précoce lié au développement du dépistage organisé en France.

Un taux de guérison aujourd’hui très élevé

Les femmes atteintes d’un cancer du sein ont une probabilité élevée de guérir de leur cancer : le taux de survie nette à 5 ans a été de 88 % entre 2010 et 2015.

Le dépistage organisé du cancer du sein

Il s’adresse aux femmes considérées à risque moyen de cancer du sein. Grâce à ce programme, toutes les femmes de 50 à 74 ans sont personnellement invitées par courrier, tous les deux ans, à bénéficier d’un examen de dépistage du cancer du sein, pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie, sans avance de frais. Neuf millions de femmes sont sollicitées tous les deux ans pour participer au programme national du dépistage organisé du cancer du sein.

À compter de 2014, les femmes de moins de 50 ans mais présentant un risque élevé ou très élevé (antécédents personnels ou familiaux de cancer ou de maladie du sein, radiothérapie thoracique à haute dose, mutation génétique BRCA1 ou 2) sont également invitées à participer au dépistage organisé.

À partir du 1er janvier 2024, les femmes concernées par le dépistage organisé du cancer du sein sont invitées par l’Assurance Maladie à réaliser une mammographie de dépistage, prise en charge à 100 %. Les relances au dépistage sont désormais dématérialisées et déposées dans le compte ameli de la patiente. Une première relance est adressée 6 mois après la 1re invitation. Une 2e relance intervient 6 mois plus tard si la femme n’a pas réalisé sa mammographie dans l’intervalle. Les patientes ne disposant pas de compte ameli reçoivent les relances par voie postale. Contrairement à l’invitation, ces relances ne comprennent pas d’étiquettes d'identification. Si la patiente ne dispose plus de son invitation avec étiquettes, elle peut s’adresser à sa CPAM au 3646 (service gratuit + coût de l’appel) afin qu’une nouvelle invitation lui soit adressée. Les étiquettes ne sont pas obligatoires mais facilitent l’identification et le suivi des patientes, les informations contenues pouvant être complétées de façon manuscrite sur la fiche d’identification.

Mammographie avec double lecture

L’examen de dépistage repose sur la réalisation d’une mammographie numérique par un radiologue spécifiquement formé, exerçant dans un centre agréé (privé ou public) et pratiquant une double lecture : en cas d’absence d’anomalie relevée à la première lecture, la seconde permet de récupérer près de 9 % des cancers, soit environ 1 300 cancers chaque année.

En cas de résultat positif, des examens complémentaires sont nécessaires pour affirmer le diagnostic.

Un faible taux de participation

Ce programme de dépistage a été généralisé à l’ensemble du territoire en 2004 par les autorités publiques. Mais à ce jour, seul un peu plus de la moitié des femmes concernées participe à ce dépistage (52,7 % - variant de 27 à 70 % selon les départements, soit 2 430 000 femmes), ce qui est inférieur à l’objectif des 65 % ciblé par la Haute autorité de santé (HAS), laquelle multiple les mesures incitatives afin de garantir un accès plus équitable à la prévention pour toutes les femmes.

 Au cours de l’année 2020, 2,5 millions de femmes ont effectué une mammographie de dépistage organisé du cancer du sein. C’est une baisse importante par rapport aux années précédentes, en lien avec les perturbations dues à la pandémie de Covid-19. En 2021, la participation au dépistage est repassée au-dessus des 50 %, pour diminuer de nouveau en 2022 (44,9 %). Elle reste donc nettement insuffisante.

Efficacité confirmée pour le dépistage organisé

Selon les dernières données publiées par l’Institut de veille sanitaire (InVS), avec 9,2 % des mammographies positives et 6,9 cancers détectés pour 1 000 femmes, le dépistage organisé pourrait réduire de 15 à 25 % le risque de mortalité par cancer du sein dans la population concernée.

Le dépistage personnalisé ou individuel

Ce dépistage s’adresse aux femmes qui ne font pas partie des populations ciblées par le dépistage organisé ou à celles qui souhaitent être dépistées pour des raisons personnelles. Elles peuvent bénéficier d’un suivi spécifique (suivi gynécologique, examens spécifiques, consultation d’oncogénétique pour les risques très élevés) et d’un programme de dépistage personnalisé qui dépend du nombre et du type de facteurs de risque, notamment familiaux.

Les facteurs de risque de cancer du sein

  • Age.
  • Antécédents familiaux (cas de cancer du sein et de l’ovaire dans la famille).
  • Antécédents personnels de cancer du sein.
  • Facteurs hormonaux (règles précoces, ménopause tardive, absence de grossesse, grossesse tardive, absence d’allaitement).
  • Surpoids et obésité.
  • Tabac et alcool.
  • Sédentarité.

Faut-il avoir peur du surdiagnostic ?

Le dépistage de masse génère un surdiagnostic, c’est-à-dire que l’on dépiste un certain nombre de petites tumeurs qui n’auraient jamais eu de conséquences cliniques. Mais une fois dépistées, elles génèrent une légitime inquiétude et peuvent inciter à entreprendre un traitement chirurgical inutile, pouvant lui-même entraîner des risques et être à l’origine d’effets indésirables.
Cela dit, le risque global est inférieur à l’absence de dépistage. De plus, il existe aujourd’hui des outils performants et des examens comme l’IRM qui permettent de mieux en mieux de définir la nature de la tumeur et d’estimer son risque d’évolution. C’est ainsi que dans de nombreux cas, une simple surveillance sera mise en place.

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