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01/02/2024

La cigarette électronique est-elle sans danger ?

En France, en 2018, la moitié des lycéens avaient déjà expérimenté avec une e-cigarette. Son usage concernait un peu plus les garçons que les filles. Malgré un usage quotidien très rare (2,8 %), le vapotage augmente quand même chez les adolescents depuis 2015, en tout cas chez les lycéens, avec une expérimentation augmentée de 17 % entre 2015 et 2018 (passant de 35 % à 52 %), et une stabilité chez les collégiens entre 2018 et 2021, contrairement au tabagisme qui est en baisse. Mais la cigarette électronique est-elle sans danger ? Comment la choisir ?

Qu’y a-t-il dans le e-liquide de la cigarette électronique ?

Pour essayer la cigarette électronique sereinement, il faut être convaincu de son innocuité. Il ne s’agit pas de remplacer la cigarette par un dispositif aussi dangereux que lui !

Pas de combustion du tabac

En pratique, ce qui est dangereux dans la cigarette, ce sont les produits de la combustion du tabac. Or dans la cigarette électronique, il n’y a ni tabac, ni combustion, le e-liquide étant chauffé à 60°C, contre 850°C dans une cigarette conventionnelle. La e-cigarette ne produit donc ni goudrons, ni monoxyde de carbone, ni particules fines solides. Elle produit essentiellement de la vapeur d’eau à partir du propylène glycol contenu dans le e-liquide.

La question des composants du e-liquide

Si le propylène glycol est largement utilisé dans l’industrie agro-alimentaire, reste la question des autres composants du e-liquide :

  • la nicotine : si elle est addictive, elle n’est pas dangereuse pour la santé. Depuis plus de 20 ans que l’on prescrit des substituts nicotiniques, on a acquis assez de recul pour savoir qu’elle n’est responsable d’une maladie liée au tabac.
  • l’alcool : il peut représenter 2 % du e-liquide. En sachant qu’un flacon de 10 ml de e-liquide dosé à 20 mg de nicotine par ml représente l’équivalent de 5 paquets de cigarettes, le vapoteur n’utilisera que 2 ml de e-liquide par jour en moyenne. Les 2 % d’alcool contenus dans ces 2 ml sont quant à eux équivalents à ½ ml de vin consommé sur une journée.
  • les arômes : s’ils sont d’usage courant, on ignore à ce jour quel pourrait être leur effet par voie inhalée. Il s’agit là de la principale incertitude de la cigarette électronique.

La cigarette électronique est-elle moins dangereuse que le tabac ?

En 2013, un rapport de l’Office Français de prévention du tabagisme a conclu que la cigarette électronique était infiniment moins dangereuse que le tabac.

De plus, une analyse croisée de 99 études, publiée en juillet 2014 dans la revue Addiction, confirme que la cigarette électronique est largement moins nocive que les cigarettes traditionnelles.

Aucune de ces études n'a relevé la survenue d'effets indésirables sérieux. Les effets indésirables étaient minimes : sécheresse de la bouche, irritation de la gorge, toux sèche. Dans son avis de 2016, le Haut Conseil de la santé publique souligne que des études récentes ont montré que certains composants des e-liquides pouvaient être toxiques, comme le diacétyle. S’il est inhalé après avoir été chauffé, il peut provoquer des dommages pulmonaires. Des études comparatives chez des fumeurs et des vapoteurs ont montré diverses modifications des voies respiratoires qui rappellent celles observées avec le tabagisme. Une étude comprenant à la fois des personnes en bonne santé et des patients souffrant d'asthme et de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) a également montré que dix minutes de vapotage induisent une obstruction significative des voies respiratoires.

Malheureusement, ces études ne décrivent pas d’éventuels effets à long terme. En effet, si la cigarette électronique est, en théorie, une aide temporaire vers un sevrage total, de nombreuses personnes semblent avoir choisi de l’utiliser en permanence, comme source de nicotine.

Comment choisir sa cigarette électronique ?

Pour que l’essai soit concluant, il est important de se procurer un bon modèle de cigarette électronique.

Se renseigner avant d’investir

L’une des meilleures méthodes est de se renseigner sur les forums de vapoteurs qui proposent même, pour certains, de véritables guides pour les débutants. Aller dans une boutique de e-cigarettes est aussi une bonne solution car les vendeurs sont le plus souvent d’anciens fumeurs ayant réussi à se sevrer du tabac grâce à la cigarette électronique. Leurs conseils sont donc précieux et ils passent souvent 20 à 30 minutes avec leurs clients débutants.

Choisir le e-liquide qui vous convient

Plus que le dispositif, c’est le choix du e-liquide qui est crucial, tant au niveau du taux de nicotine que de l’arôme.

Diverses concentrations de nicotine existent. Le principal est de réussir à prévenir les symptômes de manque sans devoir vapoter toute la journée. Pour cela, la concentration du e-liquide en nicotine (entre 3 et 20 mg/ml) doit être adaptée au nombre de cigarettes que vous fumiez auparavant. Si vous étiez un gros fumeur, une concentration plus élevée de nicotine est préférable. Au fil du temps, elle sera réduite pour amener à un véritable sevrage.

Le choix des arômes est essentiellement une question de goûts personnels.

Que penser des accidents signalés avec les cigarettes électroniques ?

Au cours de l’été 2019, les autorités de santé américaines ont alerté sur des cas de pneumonie, parfois mortels, chez des usagers de e-cigarettes. Après enquête, environ 80 % de ces accidents sont survenus chez des personnes qui utilisaient leur e-cigarette pour vapoter des liquides contenant du THC, un des principes actifs du cannabis. En particulier, ces pneumonies sont souvent survenues lorsque les usagers utilisaient des liquides (vendus sous le manteau ou concoctés "maison") contenant de l’acétate de vitamine E.

Le 23 septembre 2019, le directeur de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a tenu des propos rassurants sur la e-cigarette en précisant que "les liquides commercialisés en France n'ont rien à voir avec ceux commercialisés dans d'autres parties du monde. La vitamine E, ou des produits à base de cannabis, sont strictement interdits en Europe. (…) Clairement en France, pour les produits qui sont autorisés, il n'y a pas de problème sanitaire."

En février 2020, un article publié dans le New England Journal of Medicine a confirmé la présence d’acétate de vitamine E dans les poumons de 94 % des cas étudiés, ce qui semble confirmer l’hypothèse d’une toxicité de la vitamine E inhalée sur les poumons.

Sources

Electronic cigarettes: review of use, content, safety, effects on smokers and potential for harm and benefit. Addiction, 31 juillet 2014
Avis de janvier 2022 relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique ou e-cigarette étendus en population générale, Haut comité de santé publique
Tabac et e-cigarette en France : niveaux d’usage d’après les premiers résultats du Baromètre santé 2016
La cigarette électronique ou vapoteuse, Cancer Environnement, 2018
"Vitamin E Acetate in Bronchoalveolar-Lavage Fluid Associated with EVALI", Février 2020
Recommandations concernant l’usage des produits de vapotage / cigarette électronique, Ministère de la santé et des solidarités, 2022

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